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La première marque de l’histoire et son impact sur le marketing moderne

Impossible d’ignorer la force d’un triangle rouge posé sur un tonneau de bière : en 1876, la brasserie anglaise Bass dépose le tout premier logo officiellement enregistré. Mais ne nous y trompons pas, cette date n’a rien d’un commencement. Bien avant Bass, les potiers antiques gravaient déjà leurs initiales sur leurs œuvres pour signer leur savoir-faire. L’histoire de la marque n’est donc pas une invention de la révolution industrielle, mais une saga vieille de plusieurs siècles, entremêlant identité, reconnaissance et désir de se démarquer.

Ce principe de marquer d’un signe distinctif ne suffisait pas. Rapidement, s’est imposée l’idée de s’ancrer dans l’esprit du public, d’occuper une place que personne d’autre ne pourrait déloger. Ce positionnement prioritaire, les pionniers l’ont compris avant tout le monde : la mémoire collective accorde un privilège aux premiers. Même quand les outils et les discours changent, l’avantage de l’antériorité demeure un levier redoutable pour qui veut durer.

Ce que révèle la première marque de l’histoire sur le pouvoir du positionnement

Derrière un simple signe, la marque porte un message, une promesse, une différence. Dès les premiers temps, le potier signait son vase ou le boulanger apposait son sceau non par coquetterie, mais pour affirmer la provenance et la qualité. C’est ainsi que la notoriété de marque s’est construite : à force de voir et revoir une empreinte, le client finissait par faire confiance.

Au fil des époques, la publicité s’est adaptée à ses supports : dans l’Antiquité, fresques et inscriptions vantaient les mérites de marchands. Au Moyen Âge, les crieurs faisaient résonner les noms dans les rues. L’invention de la presse à imprimer par William Caxton, puis la création du Bureau d’adresse par Théophraste Renaudot à Paris, marquent le passage à une diffusion massive. Les annonces commerciales investissent la presse, les affiches envahissent les murs grâce à Jules Chéret, et la publicité s’infiltre dans la vie quotidienne.

Trois grandes stratégies se dessinent alors :

  • Différencier le produit par le nom et le symbole : un logo, une signature, un trait graphique suffisent à devenir repérable.
  • Gagner l’espace public par l’innovation dans les médias : investir de nouveaux supports, surprendre, devancer la concurrence.
  • S’appuyer sur la mémoire collective : répéter, installer des habitudes, devenir une évidence dans la tête des gens.

Ce long apprentissage a forgé la puissance de la notoriété de marque. Une marque, c’est un repère : elle rassure, elle fidélise, elle guide le choix. Les pionniers ont compris que la visibilité, alliée à la constance, permet de défendre durablement une position et d’en étendre l’influence. Tout le secret d’une stratégie de marque réside là : occuper le terrain, tenir la distance, ne jamais laisser l’oubli gagner.

Pourquoi les pionniers du branding ont transformé durablement le marketing

L’histoire du marketing est jalonnée de figures qui ont bouleversé sa pratique. Marcel Bleustein-Blanchet, en fondant Publicis Groupe, a fait de la créativité une arme et mis l’écoute du consommateur au centre du jeu. Aux États-Unis, Rosser Reeves invente l’Unique Selling Proposition (USP), cette idée simple : il faut marteler une promesse unique, la répéter jusqu’à ce qu’elle s’imprime dans tous les esprits.

Certains exemples parlent d’eux-mêmes. Jell-O, Band-Aid, Kleenex : ces noms sont devenus des mots de tous les jours, preuve qu’un branding bien mené finit par se confondre avec le produit lui-même. David Ogilvy, maître du copywriting, ou Bill Bernbach et ses campagnes créatives pour Ohrbach’s, ont montré comment une identité de marque forte peut tout changer. On ne vend plus seulement un produit : on raconte une histoire, on crée une relation qui dure.

Voici trois leviers que ces pionniers ont activés :

  • Forger une relation émotionnelle : susciter l’attachement, la confiance, l’adhésion.
  • Donner vie au produit par le récit : raconter, scénariser, singulariser pour sortir du lot.
  • Se différencier à tout prix : refuser la banalité, imposer sa singularité.

Des initiatives comme le Guide Michelin, le magazine agricole The Furrow de John Deere, ou l’apparition du « content marketing » chez Penton Custom Media, ont transformé la marque en productrice de contenu, en créatrice d’expérience. Plus question de se limiter à un logo : il s’agit de proposer du sens, de l’engagement, de la valeur ajoutée. Une stratégie cohérente, une préférence installée dans la durée, voilà la recette qui fait la différence.

Atelier de branding contemporain avec logos historiques et table

L’héritage des marques fondatrices : quelles leçons pour les stratégies d’aujourd’hui ?

Les marques pionnières ont ouvert la voie à un marketing qui ne se contente plus de faire la promotion d’un produit. Désormais, il s’agit de tisser un lien émotionnel avec le public. Nike et son « Just do it » : un simple slogan qui se transforme en appel à l’action, en cri de ralliement. Chez Apple, « Think Different » devient un manifeste collectif, bien plus qu’une promesse technologique.

Les plateformes sociales ont réinventé le modèle. GoPro, par exemple, mise tout sur le contenu généré par les utilisateurs : des vidéos partagées par millions sur YouTube, des ambassadeurs qui créent l’histoire de la marque au quotidien. De son côté, Coca-Cola, avec l’opération #ShareACoke, invite chacun à s’approprier la marque, à la personnaliser et à la diffuser sur les réseaux sociaux. Le consommateur ne reçoit plus le message : il le façonne, il le propage.

Les stratégies qui gagnent aujourd’hui reposent sur trois axes clés :

  • Accroître la personnalisation : analyser les données, écouter sans relâche, répondre aux envies réelles du public.
  • Imaginer des expériences immersives : proposer plus qu’un objet, faire vivre une aventure, un moment à part.
  • Mobiliser les influenceurs et créateurs de contenu : ouvrir la marque à de nouveaux récits, à des voix authentiques.

Patagonia reverse une part de ses ventes à la planète, Starbucks affiche sa mission humaine, Lululemon réunit ses adeptes autour de cours de yoga gratuits. Le succès ne tient plus à la seule visibilité, mais à la capacité de s’inscrire dans les usages, les conversations, les valeurs. Aujourd’hui, la marque s’invite dans la vie réelle : elle fédère, elle engage, elle fait bouger les lignes. Et demain ? Peut-être sera-t-elle, tout simplement, l’histoire que chacun a envie de raconter à voix haute.